La prospérité inclusive au-delà du PIB
Aujourd’hui, nous mettons l’accent sur Mesurer la prospérité inclusive: alternatives au PIB pour suivre le progrès, afin de comprendre comment évaluer réellement ce qui compte pour les personnes et la planète. Vous découvrirez des cadres concrets, des indicateurs accessibles et des récits inspirants qui montrent comment les sociétés peuvent grandir sans sacrifier l’équité, la santé ou la nature. Partagez vos expériences, proposez vos indicateurs préférés et abonnez-vous pour suivre nos futures explorations centrées sur l’impact vécu, pas seulement sur les chiffres.
Pourquoi le PIB ne suffit plus
Le PIB additionne la valeur monétaire des biens et services, mais ignore la répartition des revenus, le temps consacré aux soins non rémunérés, la qualité de l’air, la santé mentale ou la confiance sociale. Il peut grimper pendant que l’eau d’une rivière devient impropre à la baignade et que des quartiers entiers stagnent. Comprendre ses angles morts nous aide à chercher des mesures qui racontent mieux le vécu collectif, respectent les limites écologiques et rendent visible la contribution de chacun, au-delà des moyennes trompeuses.
Capacités et bien-être: le regard d’Amartya Sen
De la richesse aux possibilités réelles
Deux personnes avec le même revenu n’ont pas les mêmes possibilités si l’une vit loin des services essentiels, subit des discriminations ou fait face à un handicap. Les capacités permettent d’évaluer ces différences de conversion entre ressources et libertés. On passe alors d’un récit de quantité à un récit d’accès, d’autonomie et de dignité. Cette bascule reconfigure les priorités: transports accessibles, santé de proximité, éducation équitable, logement digne. Mesurer les possibilités ouvre la voie à des politiques qui réduisent les obstacles concrets et renforcent l’égalité des chances.
Mesurer le pouvoir d’agir
Le pouvoir d’agir se capte à travers des indicateurs de mobilité sociale, de participation civique, de sécurité perçue, de temps disponible, et de capacité à influencer les décisions locales. Des enquêtes régulières, des budgets participatifs et des panels citoyens enrichissent ces données. Les trajectoires de vie, documentées anonymement, éclairent comment l’accès à la garde d’enfants, aux transports ou à la formation transforme des perspectives. Mesurer l’agentivité, c’est rendre visibles les leviers de dignité et d’opportunités, au-delà des chiffres de production.
Histoires qui éclairent
Dans une petite commune, l’ouverture d’une halte-garderie et d’un bus express a fait plus pour la mobilité professionnelle des mères que des allègements fiscaux ciblés. Les données de revenu n’avaient rien montré; les récits ont révélé l’obstacle invisible du temps. En combinant témoignages, ateliers et suivi quantitatif, la municipalité a identifié des goulots d’étranglement concrets, puis mesuré la hausse d’inscriptions en formation et la baisse du chômage de longue durée. Les statistiques gagnent en sens lorsqu’elles se frottent aux expériences vécues.
Indices alternatifs que vous pouvez suivre dès aujourd’hui
Plusieurs indices accessibles au public aident à suivre un progrès plus juste: l’Indice de développement humain, l’Indice de progrès social, l’Indice de progrès véritable, l’Indice de richesse inclusive, le Better Life Index de l’OCDE. Chacun met en lumière des dimensions ignorées par le PIB: santé, éducation, environnement, sécurité, droits, capital naturel. Les comparer, c’est enrichir le diagnostic et guider l’action. Vous pouvez commencer localement, sélectionner quelques mesures parlantes, et partager vos résultats pour susciter une conversation communautaire éclairée et constructive.
Planète et prospérité: intégrer les limites écologiques
Dans un monde de contraintes biophysiques, la prospérité inclusive signifie s’épanouir sans dépasser les seuils planétaires. L’empreinte carbone par habitant, l’empreinte matérielle et les pertes de biodiversité doivent entrer dans nos tableaux de bord, au même titre que la santé et l’éducation. L’économie du donut rappelle qu’un plancher social et un plafond écologique peuvent coexister. Mesurer ces deux cercles permet d’aligner politiques, investissements et innovation avec une trajectoire de bien-être durable, honnête sur les coûts et exigeante sur la justice.
Inégalités, participation et justice intergénérationnelle
La prospérité inclusive exige de regarder qui bénéficie, qui décide et qui supporte les coûts futurs. Les indicateurs doivent couvrir la distribution des revenus et patrimoines, la participation civique, la représentation, ainsi que l’impact sur les jeunes et les générations à venir. Croiser ratios d’inégalité, parts de revenu du bas 40 pour cent, accès aux services et endettement climatique permet d’orienter vers des choix équitables. Une société prospère n’abandonne pas sa jeunesse ni ses marges, elle élargit les horizons de tous.
Au-delà du coefficient de Gini
Le Gini est utile mais opaque. Complétez-le avec le ratio de Palma, la médiane des revenus, la croissance du bas 40 pour cent et des écarts territoriaux. Ajoutez le patrimoine, plus concentré que le revenu, pour saisir l’héritage des inégalités. En suivant la mobilité intergénérationnelle et les transitions de déciles, on évalue la fluidité sociale réelle. Cette granularité révèle des leviers ciblés: fiscalité efficace, logement abordable, garde d’enfants, transport public, formation, afin de transformer des trajectoires figées en progrès partagé.
Temps, soins et travail non rémunéré
Les comptes de temps dévoilent une infrastructure invisible du bien-être: soins aux enfants, aux aînés, tâches domestiques, engagement associatif. Souvent portés par les femmes, ces efforts soutiennent l’économie formelle sans être reconnus. Mesurer la charge et sa répartition oriente des politiques de conciliation, des services de proximité et des droits sociaux adaptés. Valoriser ces contributions n’est pas symbolique: c’est essentiel pour réduire les inégalités, prévenir l’épuisement et renforcer les capacités de chacun à participer pleinement à la vie économique et civique.
Écouter les citoyens
Les indicateurs gagnent en pertinence lorsqu’ils émergent de dialogues ouverts: jurys citoyens, panels délibératifs, assemblées locales. Les personnes concernées valident les priorités, affinent les mesures et définissent des seuils de succès crédibles. Les plateformes de données participatives permettent de remonter des signaux faibles, d’identifier des obstacles concrets et de tester des solutions. Cette écoute continue évite les tableaux de bord hors-sol et favorise l’appropriation collective, condition d’une action durable. Mesurer avec les citoyens, c’est déjà transformer la manière de gouverner.
Tableaux de bord publics et budgets du bien-être
Des gouvernements et collectivités déploient des tableaux de bord reliant objectifs, indicateurs et budgets. La Nouvelle-Zélande, l’Écosse ou le Pays de Galles illustrent comment ancrer la décision dans la santé, l’éducation, la cohésion et l’environnement. Ces cadres structurent le débat public, responsabilisent les institutions et facilitent l’apprentissage. Ils encouragent l’évaluation des politiques à partir d’effets vécus et de trajectoires collectives, plutôt que d’inputs comptables. S’outiller ainsi, c’est accepter de rendre des comptes sur ce qui compte vraiment pour la vie quotidienne.
Le budget du bien-être néo-zélandais
La Nouvelle-Zélande sélectionne des priorités de bien-être et alloue des ressources en conséquence, avec des indicateurs transversaux suivis régulièrement. Ce n’est pas un supplément, mais le cœur de l’arbitrage budgétaire. Résultats: coordination renforcée entre ministères, investissements dans la santé mentale, l’enfance, la transition juste. La clé réside dans la clarté des objectifs, la transparence des données et l’itération publique. Cette approche démontre qu’un budget peut orienter la croissance vers l’inclusion et la durabilité, au lieu de les traiter séparément.
Le cadre de performance nationale en Écosse
L’Écosse suit des objectifs sociétaux de long terme, partagés avec la société civile et les collectivités. Son cadre relie résultats, indicateurs et politiques, offrant une vision cohérente du progrès. Cette boussole facilite l’alignement des acteurs, la priorisation et l’évaluation. Les rapports publics réguliers créent une culture de responsabilité et d’apprentissage. Les villes et régions peuvent s’en inspirer pour construire des visions locales, en adaptant les mesures aux contextes, tout en conservant un fil rouge: améliorer la vie des personnes de façon durable et inclusive.
Le tableau de bord local participatif
À l’échelle d’une ville, un tableau de bord co-construit avec habitants, associations et entreprises révèle des priorités pragmatiques: accès aux parcs, sécurité des déplacements, énergie abordable, opportunités d’emploi. Publier des séries temporelles ouvertes, raconter des histoires de quartiers, et créer des boucles de retour trimestrielles ancrent l’action dans le réel. Des objectifs explicitement partagés mobilisent. Invitez vos voisins, proposez des indicateurs, testez des solutions, documentez les effets. Mesurer devient un rituel civique qui nourrit confiance et responsabilité collective.
Comment commencer: étapes concrètes pour votre organisation
Passer à l’action ne requiert pas la perfection. Choisissez quelques indicateurs robustes, multipliez les sources, croisez quantitatif et qualitatif, puis itérez. Clarifiez le problème, la population concernée et l’horizon temporel. Publiez vos données, invitez des retours, ajustez. Valorisez ce qui compte déjà: initiatives locales, réseaux d’entraide, connaissances d’usage. Pour les entreprises, reliez ces mesures à la stratégie et à la rémunération variable. Pour les collectivités, ancrez-les dans les budgets et les marchés publics. Chaque petit pas, rendu visible, accélère l’apprentissage partagé.
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